L’Oettinger, c’est le Graal de la Golf GTi, qui, du fait de sa production en petite série et de son aura est très recherchée. Les annonces ne restent pas très longtemps.

Mais qu’en pensait la presse au moment de la sortie de la voiture ?

Comme vous allez le voir, les commentaires sont plutôt dithyrambiques.

Présentation :

La Golf 16 S c’est avant tout un moteur, et cela n’a bien évidement pas échappé à nos essayeurs, dont Echappement qui, dans son numéro 154 d’août 1981, commence une présentation rapide du « Sorcier », « … tout l’attrait de cette GTI 16 S est détenu par son exceptionnelle mécanique en provenance directe du sorcier allemand Oettinger. Oettinger et Volkswagen, c’est déjà une longue histoire. Qui ne se souvient pas en effet des moteurs de Coccinelle dont les embiellages entièrement montés sur des roulements à aiguilles frisaient des régimes que beaucoup de spécialistes jugeaient déraisonnables ».

La culasse mérite toute l’attention  et Robert Séjourné dans l’Automobile de septembre 1981 le résume ainsi « La préparation a pour base une culasse spéciale à quatre soupapes par cylindre, commandées par deux arbres à cames en tête. On a su fort bien tirer parti de l’architecture originelle, en faisant entraîner l’arbre à cames commandant les soupapes d’admission par la courroie crantée habituelle, le second arbre commandant les soupapes d’échappement par un engrenage. C’est propre, net et nous le verrons, très efficace ». Même tonalité pour José Rosinski dans Sport-auto 235 d’août 1981 « La pièce maîtresse de cette transformation, c’est bien sûr la magnifique culasse Oettinger à quatre soupapes par cylindre et double arbre à cames en tête. Dire qu’elle améliore la respiration du 1600 est un euphémisme ». « Moins visibles sont les pistons forgés, à la fois plus résistants et plus légers. Ils permettent, avec un soigneux équilibrage de l’ensemble de l’équipage mobile, d’augmenter sans risque de quelques 1000 tr/mn le régime maxi du moteur »

Résultat « la puissance ressort à 136 cv à 6500 tr/mn ».  Un petit mot sur la boite et l’embrayage renforcé, dans Echappement « Les rapports de boite demeurent inchangés mais on remarque le montage d’un pont … court. De près de 30 km/h aux 1000 tr/mn sur la GTI normale, on passe à 27,7 km/h. Ainsi équipée, la GTI devient une 9 cv. Enfin, dernière modification au niveau de la transmission, l’embrayage est renforcé. »

Quelques modifications pour le châssis et les freins décrites rapidement dans l’Automobile, « les freins sont ceux de la GTI, à l’exception du liquide et des plaquettes plus performants. Côté suspension, à l’avant, une barre de liaison supplémentaire relie les points d’ancrage inférieurs des triangles entre les 2 longerons »

Nos journalistes sont plus critiques sur l’aménagement intérieur, « A l’intérieur, toujours la tristesse, dommage… » pour Echappement, « un petit manomètre d’huile dont on déplore l’absence sur le modèle normal prend enfin place sur la GTI 16 S mais aux pieds… du levier de vitesse, c’est-à-dire à peine visible par le conducteur», avis partagé par Sport-auto « Il faut bien constater que la 16 S n’offre rien de plus que la GTI de série, si ce n’est un manomètre de pression d’huile, exilé en compagnie du thermomètre au milieu de la console centrale, et par conséquent parfaitement illisible ».

Le moteur et la transmission :

Réaction unanime des journalistes, c’est une merveille : Rosinski donne le ton, « oubliant toute mesure, laissons-nous spontanément aller aux éloges les plus dithyrambiques, aux compliments les plus outrés. Vidons avec enthousiasme et en vrac  notre sac à épithètes, vautrons-nous sans retenue dans la plus vile flagornerie ! » Et enchaine « un moteur inouï, exceptionnel, pour tout dire sans défaut. Tout de même, en cherchant bien… Bruyant peut-être ? ». Assertion vite relativisée par une ode à sa musique dont on ne se lasse pas « le bruit c’est avant tout un problème de qualité, vous l’avez sûrement remarqué. Or l’orchestre de chambre que dirige M. Oettinger sonne bien, c’est un fait ».

Echappement est moins lyrique, mais tout autant convaincu « la souplesse du moteur est telle que l’on se retrouve en cinquième en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire ….. La route se dégage et timidement, l’aiguille du compte-tours grimpe vers les sommets. 6000, 7000 tr/mn, ce moteur n’en finit pas de prendre des tours. Passé 6000 tr/mn, il rugit comme un fauve, c’est le grand jeu … Il commence à respirer à un régime auquel bon nombre de moteurs s’époumonent déjà. N’allez pas croire pour autant qu’il s’agisse d’un moteur pointu. Loin de là. Sa souplesse est absolument extraordinaire. »

L’Automobile, journal moins orienté sport est moins disert, mais l’opinion est la même « Toujours disponible, avec une large plage de puissance, il vous emmène allègrement à plus de 190 km/h. Le court étagement de la boite, la maniabilité du levier autorisent des montées en vitesse éclairs, tandis que la bonne volonté de la mécanique, jointe à  la cinquième relativement courte, permettent d’évoluer aisément sur le dernier rapport en ville ».

Comportement :

Là, tout le monde n’est pas d’accord. Commençons par les compliments avec Sport-auto, « Le potentiel de la petite Golf est-il inépuisable ? Honnêtement on peut se le demander ». Joli compliment que ne contrarie pas la suite, « La 16 soupapes reste une voiture fondamentalement saine, facile et amusante à conduire, au volant de laquelle on se fait plaisir sans arrière-pensée ….. A plus de 190 la tenue de cap ne pose aucun problème. Au démarrage, en sortie d’épingle, sur sol glissant, pas davantage de problèmes de motricité …. La voiture accepte même de bonne grâce le freinage en appui ». Un petit couplet sur les freins dont les modifications de plaquettes et de liquide semblent cette fois satisfaire José Rosinski « Le changement de la qualité des plaquettes et du liquide s’est traduit par une incontestable amélioration de la résistance du système, auquel il est désormais possible d’accorder une confiance sans arrière-pensée ».

Pas de déception non plus pour Echappement qui commence le chapitre par une certaine référence en la matière, « Quant à la tenue de route, c’est toujours le même régal, la même extase ! Toujours la même efficacité, toujours la même motricité tout à fait surprenante avec 136 cv sur les roues avant et toujours la même douceur et la même précision de conduite …. Si l’on fait preuve d’optimisme dans l’appréciation d’une courbe et que la voiture part en sous-virage, il suffit de soulager le pied droit de la pédale d’accélérateur pour qu’aussitôt elle reprenne le droit chemin ». Un petit bémol cependant dans ce flot de louanges « le freinage. Celui-ci n’a jamais été le point fort de la Golf GTI même dans sa version normale. Il ne l’est pas toujours pas sur la 16 soupapes ». Petite critique également sur le comportement sur circuit et sur le confort (mais bon, on ne peut pas tout avoir), »Le confort n’est pas la qualité première de la Golf 16 S. L’amortissement n’est pas à l’abri de toutes critiques. Plusieurs fois sur l’anneau de Montlhéry, alors que nous mesurions le maxi, la suspension avant est venue en butée. Cette lacune au niveau de l’amortissement devrait vite disparaitre avec le montage de quatre bons amortisseurs ».

« Si l’on pousse un peu la GTI 16 S dans ses derniers retranchements, la suspension arrière notamment ne nous semble plus à la hauteur. L’amortissement est insuffisant et l’on se surprend à sauter de bosses en bosses, ce qui demande quelque vigilance, surtout dans les phases de freinage ….. Les freins ? Il faut s’y habituer, la pédale comporte une course morte importante et son attaque n’est pas nette. » Oups ! L’Automobile n’est pas convaincue par la tenue de route. A vous de juger.

Conclusion :

Robert Séjourné n’est décidément pas fanatique de l’Oettinger, si ce n’est de son moteur «la GTI 16 S, malgré son prix, a sa place assurément. Merveilleuse mécanique, elle n’en fait que plus regretter son équipement indigne d’elle et sa suspension qui ne suit plus car, pour 75000 F, vous pouvez vous payer à l’aise une BMW 323 i, qui dans le genre offre aussi de sérieux arguments ».

Rosinski dans sa conclusion aborde également la BMW « La question qui se pose quand on envisage l’achat d’une GTI 16 soupapes, c’est de savoir si le surcroît de plaisir qu’elle offre par rapport à la GTI normale correspond à une augmentation de prix de l’ordre de 50 %. De même sous l’angle du rapport prix- prestations, on peut s’interroger sur le bien-fondé de l’opération. En effet à 75000 F, la GTI 16 S entre directement en concurrence avec la BMW 323i, ainsi qu’avec la nouvelle Ford Capri 2,8i. Mais les choses exclusives, nul ne l’ignore, sont forcément coûteuses. Et les coups de cœur se moquent bien des coups de fusil ! ».

Ce que l’on retiendra de ces essais, c’est un moteur exceptionnel dont les qualités font l’unanimité. C’est de toute façon principalement ce qui la démarque de sa grande sœur.